Si le genre des noms animés et humains a un fondement naturel, le sexe, qui n’est pas toujours évident, le genre des noms non animés est arbitraire (« un fauteuil, une chaise »), parfois lié à la culture d’un pays (« le soleil » et « la lune » en français ; « die Sonne » und « der Mond » en allemand). Ce genre non animé cause de nombreuses hésitations, d’autant plus qu’il a pu changer au fil du temps : on disait autrefois « un erreur », « un affaire », entre autres. On peut s’appuyer sur quelques repères, comme les suffixes : les noms terminés par « -ement », « -isme », etc. sont masculins, ceux terminés par « -ance », « -ise » sont féminins. Mais depuis Vaugelas, on hésite souvent sur le genre de beaucoup de noms, fortement pour certains comme « alvéole » ou « automne », sans parler du covid. On est parfois orienté par la terminaison du nom, qui fait penser à tort que le nom est féminin, comme « obélisque », ou masculin, comme « vicomté ».« Le Bon usage » (éd. 2008) consacre une place importante à ce choix du genre (§ 469-482). Il distingue les « noms dont le genre est à remarquer », sur lesquels on peut hésiter, mais dont le genre est relativement fixé : sont au masculin (liste de 215 noms !) « bulbe, chrysanthème, élastique, entracte, isthme, pétale, planisphère, tentacule », etc. ; sont au féminin (liste de 136 noms), « ancre, atmosphère, épigramme, épithète, météorite, oasis », etc. Mais, comme disait Vaugelas, on trouve aussi « divers noms de genre douteux » (§ 482 : 25 noms seulement), comme « alvéole, automne, effluve, office, steppe, synopsis ». On peut toujours recourir au dictionnaire ou marquer les mots avec un astérisque ou une apostille.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.