D.– Quelle est la terminaison écrite des verbes à la 2ème personne du singulier ?
P.– En règle générale, la 2ème personne du singulier se termine par -s : « tu chantes, finis, ... »
D.– Cette règle a-t-elle des exceptions ?
P.– Evidemment ! A l’impératif présent, les verbes en -er ne prennent pas de -s (« mange, écoute, ... »), contrairement aux autres verbes (« finis, pars, lis, écris, vois, prends, ... »).
D.– Ces verbes ne prennent vraiment jamais de -s final à l’impératif ?
P.- Si quand même, il y a des exceptions à cette exception. On ajoute un -s devant les pronoms « en, y » compléments : « penses-y, donnes-en », par analogie, comme « prends-y ».
D.– Est-ce que d’autres verbes se passent du -s final à l’impératif présent ?
P.– Eh oui ! On doit écrire sans-s toute une série de verbes en-ir (« offre, ouvre, cueille, ... ») et aussi « aie, sache, veuille, va ». Mais on écrira aussi avec un -s « vas-y ».
D.– Mais pourquoi donc écrit-on à l’impératif « mange » et tous ces verbes, sans -s final ?
P.- Cela s’explique par l’histoire de la langue. En latin, l’impératif présent de tous les verbes ne prenait pas de -s final : « ama » (aime), « lege » (lis), « audi » (écoute), ... Et cela a été transmis à l’ancien français, où les verbes se terminaient à l’impératif par une voyelle, souvent « y » pour « i », ou une consonne autre que -s : « finy, dy, voy, vien, ... ».
D.- Mais alors, pourquoi écrit-on aujourd’hui la plupart des verbes avec un -s final ?
P.- C’est à cause d’un moteur très puissant de l’évolution des langues, l’analogie. Au fil des siècles, on a rajouté un -s à l’impératif de tous les verbes, même des verbes en -er, par analogie avec la 2e personne du singulier de l’indicatif présent, puisque ces formes se prononcent de la même façon et que le -s est perçu comme la marque de cette personne. Après le XVIIe siècle, la règle du -s à l’impératif a été progressivement imposée par les grammairiens, mais elle n’a pas touché tous les verbes, et l’on a gardé sans -s notamment les verbes en -er (Vaugelas parle des verbes en -e). Autrement dit, la vague de l’analogie n’a pas été assez puissante pour recouvrir toutes les formes verbales, dont certaines sont restées des rochers hors d’eau.