« Comte » est un titre de noblesse, issu du latin « comitem », « celui qui va avec » (v. 980). « Conte » (v. 1130-1140) est issu de « conter » qui vient du latin « computare », « calculer ». Il désigne un récit, avec des nuances de sens qui ont évolué. « Compte » est issu du latin « computus », « compte, calcul » (v. 1080). Il a dès le début le sens de « calcul d’une quantité ». Le verbe « compter », associé, est aussi issu sur le verbe latin « computare », « calculer », qui est à l’origine de l’anglais « computer ».
On constate que les verbes « conter » et « compter » ont la même origine latine, ce qui affecte aussi les deux noms. Les notions de « narrer » et « calculer » étaient liées au Moyen Âge par l’idée d’« énumérer, dresser la liste de » (« Dictionnaire historique de la langue française »). La confusion était inévitable (on écrivait « conte » et « conter » dans les deux cas), d’autant plus que « comte », ayant un étymon différent, a d’abord été écrit « compte », puis « contes ».
Comme souvent, le moyen français a introduit une différenciation graphique en ajoutant dans « compte » et « compter » (v. 1348) la consonne -p- de l’étymon latin. Et le « comte » a eu sa graphie actuelle à partir du XVIIe siècle (Cotgrave, 1611). La distinction est bien faite à l’écrit. À l’oral, le contexte permet souvent de sélectionner le bon mot, mais on peut rencontrer des ambiguïtés, propices aux jeux de mots : « Le compte / conte est bon » est ambigu. Et l’on peut dire, avec les délestages éventuels d’électricité de cet hiver, qu’on se méfie des contes (comptes) du conteur (compteur) Linky. Bonne fin d’année 2022 !