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Le 12 janvier 1628 naissait… Charles Perrault

| 12 janvier 2018 | par Jean-Christophe Pellat

Surtout connu pour ses Contes de ma mère l’Oye, Charles Perrault avait plus d'une corde à son arc.

« Je suis né le douzième janvier 1628, et né jumeau. Celui qui vint au monde quelques heures avant moi fut nommé François, et mourut six mois après. […] Ma mère se donna la peine de m’apprendre à lire, après quoi on m’envoya au Collège de Beauvais, à l’âge de huit ans et demi. J’y ai fait toutes mes études, ainsi que tous mes frères, sans que pas un de nous y ait jamais eu le fouet. » (début des « Mémoires de ma vie »)

Charles Perrault est surtout célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye (1697), publiés sous le nom de son fils, réécriture littéraire de contes populaires, assortis de moralités savoureuses. Mais il a publié une grande diversité d’ouvrages : poésies galantes, grand poème chrétien (« Saint Paulin, évêque de Nole »), critiques littéraires (« Parallèle des Anciens et des Modernes »)… À quand un « Pléiade » Perrault ?

Membre actif de l’Académie française, il y était l’homme de confiance de Colbert et de Louis XIV, avec lesquels il a contribué au développement de la vie artistique et scientifique de son temps. Il a provoqué la fameuse querelle des Anciens et des Modernes, soutenant habilement ces derniers face à Boileau, partisan des Anciens :

« La belle antiquité fut toujours vénérable ;

Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable.

Je vois les anciens, sans plier les genoux ;

Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ;

Et l’on peut comparer, sans craindre d’Être injuste,

Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste »

(« Le Siècle de Louis-le-Grand », lu à l’Académie).

Homme du monde raffiné, ami des Précieuses, père de famille attentionné, Charles Perrault prit la défense des femmes dans sa réponse aux gauloiseries antiféministes de la « Satire X » de Boileau, ennemi personnel de la famille Perrault.

« Peux-tu ne savoir pas que la civilité,

Chez les femmes naquit avec l’honnêteté,

Que chez elles se prend la fine politesse,

Le bon air, le bon goût et la délicatesse. »

(« Apologie des femmes », 1694)

Ce n’est pas la moindre des qualités de ce grand écrivain du XVIIe siècle, « le plus méconnu des classiques » (M. Soriano).

Jean-Christophe Pellat

Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.

Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).

En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.